Les premières traces de l’introduction du cacaoyer et de sa culture à Cuba remontent à 1540. Il est et a toujours été cultivé dans la région de l’Oriente, en particulier à Baracoa située dans la province de Guantánamo, en vertu des conditions climatiques particulières de la région. La barrière montagneuse impose en effet l’ascension des courants d’air au nord du versant (région de Baracoa), provoquant des précipitations abondantes et régulières, alors que le versant sud est sec. Ces caractéristiques ont fait de la région de Baracoa la principale productrice de cacao du pays.Les premiers cacaoyers introduits à Cuba étaient de type Criollo, peu productifs mais donnant un cacao particulièrement recherché. Principalement pour des raisons de productivité supérieure, les Trinitario, particulièrement la série U.F. (United Fruit Corporation) en provenance du Costa Rica, introduits en 1955 occupent actuellement une part importante des plantations. Les caractéristiques de la graine des variétés U.F, morphologiques (taille, uniformité et coloration violet clair) et organoleptiques (développant un arôme fort mais sans amertume) les classent comme cacao de type fin et en font un très bon produit de chocolaterie. Les Forastero sont d’introduction plus récente. Des programmes de tests d’introduction et de création variétale sont actuellement en cours. Ils visent prioritairement à l’obtention d’un bon rendement et d'une bonne résistance aux ennemis de la culture. Les génotypes obtenus jugés supérieurs sont multipliés de façon clonale et remplacent progressivement les anciennes plantations. Or, le matériel génétique cubain d’introduction ancienne n’a fait l’objet d’aucune caractérisation sur le plan génétique.Le cacao, exclusivement produit sans pesticides à Cuba, est recherché au niveau international. Cependant le pays, producteur insignifiant au niveau mondial, ne produit ni n’exporte guère de produits finis (chocolats de qualité standard) et toute la valorisation par transformation s’effectue à l’extérieur de l’île.La barrière montagneuse, outre son effet sur le climat, a aussi eu pour conséquence que Baracoa est restée jusqu’il y a peu particulièrement isolée faute de voies de communications adéquates. Cela a entravé son développement et c’est donc une des régions les plus pauvres du pays. Dans ce contexte, la Région de l’Oriente a entrepris une politique de diversification agricole et de développement de la transformation et de la commercialisation de ses produits agricoles spécifiques visant plus particulièrement au développement de la province de Guantánamo. L’impact sur le développement régional devrait être important étant donné l’importance da la filière cacao dans la région. A terme, cette politique régionale devrait participer à une réduction de la pauvreté des paysans producteurs par une amélioration de leur formation et de leur encadrement scientifique. Le niveau de vie des autres acteurs de la filière devrait être également amélioréLe projet a été construit conjointement avec nos partenaires universitaires locaux lors de deux missions préparatoires en décembre 2006 et janvier 2007, afin de répondre à une demande locale ciblée. Ces missions ont été l'occasion d'ateliers participatifs de planification au cours desquels ont étés élaborés l'arbre des problèmes et les objectifs du projet. L’objectif global de ce projet est le développement de l’ensemble de la filière cacao de qualité dans la région de l’Oriente, s’appuyant sur l’obtention d’une appellation d’origine cubaine: variétés productrices d’un cacao fin, méthodes de culture, protection phytosanitaire, récolte, transport, fermentation, torréfaction, transformation en chocolats diversifiés à haute valeur ajoutée et commercialisation. L’objectif général du projet est l’appui à l’amélioration de la qualité du cacao produit dans la région orientale de Cuba en se focalisant sur l’amont de la filière, principalement les aspects agronomiques de la production. Il comprend sept objectifs spécifiques présentés ci-dessous. 1. Le cacaoyer cubain d’introduction ancienne (type Criollo) produit un cacao de qualité. Il n’a jamais fait l’objet d’aucune caractérisation génétique approfondie et n’est que très peu voire pas représenté dans les collections internationales. Le type Trinitario correspond à des « variétés-populations » qui ont évolué à Cuba depuis une cinquantaine d’année. Il importe donc d’effectuer la caractérisation moléculaire de ce matériel génétique original par l’établissement d’une banque de germoplasme afin de situer le cacao cubain dans le contexte international et d’appuyer le développement d’une production et l’obtention d’une appellation d’origine contrôlée. 2. La sauvegarde de ce matériel génétique devra être également assurée. La Estación de Investigaciones de Café y Cacao à Baracoa a constitué une collection contenant des variétés locales. Cette collection, pour des raisons de contraintes locales et inhérentes à la plante, n’est cependant pas exhaustive. La sauvegarde du matériel génétique cubain est donc incertaine. L’établissement d’une banque in situ se heurte, dans le cas du cacaoyer, au problème de l’encombrement. En effet, les variétés traditionnelles sont hétérogènes, ce qui nécessite le maintien en collection de nombreux individus par variété pour assurer une rétention de diversité génétique suffisante. De plus, la plante est un arbuste qui ne se développe correctement qu’à l’ombre de grands arbres, ce qui conduit rapidement à la création de vergers de taille excessive pour être correctement gérable. La création d’une collection in vitro permet de pallier ce problème. Il importe donc de mettre en place une infrastructure fonctionnelle pour la préservation in vitro de cette diversité biologique. La collection comprendra également les variétés productrices actuelles en vue d’une replantation rapide en cas de catastrophe naturelle, telle qu’épidémie fongique ou virale ou encore le passage d’un ouragan. 3. Le développement durable d’une filière cacao, dans le contexte environnemental (proximité de la réserve de la Biosphère Alexander von Humboldt) et économique de l’Oriente, requiert un contrôle raisonné et intégré des pathogènes et autres organismes nuisibles affectant la productivité et la qualité des graines. De nombreuses pathologies et pestes peuvent affecter le cacaoyer dans son aire de culture. Des études ont été menées en champ pour évaluer l’impact des principales maladies. Cependant, aucune étude extensive n’a été réalisée afin d’identifier les différentes souches de pathogènes ni pour identifier la flore présente sur les cabosses saines dont le rôle est potentiellement protecteur. De plus, le contrôle des maladies en champ n’a plus été effectué depuis plus d’une décennie. Or, les aspects sanitaires sont primordiaux pour la qualité du cacao produit. Le cacao de première qualité n’autorise qu’un maximum de 2% de graines défectueuses, en ce compris les graines présentant des signes de maladie. Dans le cadre d’une culture respectueuse de l’environnement (sans engrais ni produits phytosanitaires) du cacaoyer, il importe donc d’identifier et de caractériser les principaux agents fongiques locaux responsables de la pourriture de la cabosse et la mycoflore commensale des fruits sains dans la perspective d’un contrôle intégré incluant le choix variétal, les pratiques culturales et la lutte biologique. 4. L’utilisation des microorganismes de la rhizosphère (Plant Growth Promoting Rhizobacteria, PGPR) présente d’importantes perspectives agronomiques associées à leur capacité à promouvoir la croissance de leur partenaire végétal par des effets sur la nutrition, l'architecture racinaire, la biomasse aérienne accrue et l’amélioration du rendement en produits récoltables. L’un des effets remarquables de la colonisation de la rhizosphère par des PGPR est l’induction de mécanismes de résistance vis-à-vis d’un large spectre d’agents phytopathogènes comme des champignons, des bactéries, des nématodes, des insectes et même des virus. L’identification et l’utilisation des microorganismes de la rhizosphère qui stimulent la croissance et/ou les mécanismes de défense des plantes constituent un pré requis à leur utilisation dans le cadre d’une agriculture durable. 5. Les variétés les plus intéressantes seront proposées comme géniteurs potentiels pour les programmes d’amélioration ultérieurs.L’évaluation agronomique des variétés, en ce compris la résistance aux pathogènes, sera réalisée dans différents environnements. 6. Des formations spécifiques du personnel scientifique de la Station expérimentale Café-Cacao de Baracoa seront réalisées, dans les domaines de la caractérisation moléculaire, la diversité génétique, la conservation des ressources génétiques, la phytopathologie et les microorganismes de la rhizosphère. 7. Les retombées de ces compétences au niveau des paysans, bénéficiaires finaux du projet, devront être assurées. La formation des ingénieurs conseil et techniciens conseil sera assurée par le personnel de la Station de Baracoa.
Cacao, genetic diversity, Caribbean, pathogens
Name | Role | Start | End |
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Decock, Cony | member | 2008-10-01 | 2013-09-01 |
Name | Role | Start | End |
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Mycothèque | member | 2008-10-01 | 2013-09-01 |
created:2011-12-14 14:18:59 UTC, source:web