Les ressources nutritionnelles du zooplancton ne sont pas toujours rencontrées de manière équilibrée dans la nature. C'est particulièrement vrai pour le zooplancton herbivore qui se nourrit sur des algues déficientes en nutriments. Les cladocères par exemple, dont les espèces du genre Daphnia en particulier, sont particulièrement friandes de phosphore (P) alors que l'été les algues planctoniques en contiennent fort peu. Ce déséquilibre entre ressources et besoins au niveau de la relation trophique quantitativement la plus importante d'un lac n'est pas sans répercussion. D'abord au niveau de la croissance du zooplancton, qui peut s'en trouver affectée. Ensuite au niveau des producteurs primaires qui par la forte demande du zooplancton en nutriments peut se retrouver privés de ceux-ci. Ensuite au niveau de l'ensemble de l'écosystème, par les cycles biogéochimiques du C et du P qui peuvent en être altérés.

Notre travail en particulier s'intéresse à plusieurs questions soulevées dans cette problématique :

1) quels sont les moyens comportementaux et physiologiques que le zooplancton herbivore peut exploiter pour diminuer ce déséquilibre '

2) si le consommateur subit néanmoins un déséquilibre trop important, sa reproduction en milieu naturel peut-elle en être affectée '

3) quel est le devenir des éléments qui, à l'inverse, sont présents en excès dans la nourriture ' Sont-ils emprisonnés dans des particules telles que les fèces et sédimentent-ils dès lors dans la colonne d'eau, ou sont-ils au contraire recyclés vers une forme dissoute qui peut être réassimilée par les organismes autotrophes ou hétérotrophes '

Les réponses que notre projet tient à apporter à ces diverses questions sont à la fois issues de l'expérimentation en laboratoire (1 et 3), de la modélisation théorique (1), et de l'observation et de l'expérimentation in situ au sein du lac de barrage d'Esch-sur-Sûre (2 et 3).